Les terres collectives sont souvent considérées comme un frein au développement des activités d'élevage dans les milieux pastoraux méditerranéens. Elles sont alors vues comme un obstacle à l'adoption par les éleveurs de systèmes de production performants. Mais pour porter un véritable diagnostic, il est nécessaire d'évaluer leur rôle non seulement sur les transformations des systèmes de production, mais aussi sur l'avenir à long terme des ressources et des paysages. En nous appuyant sur les résultats de plusieurs programmes successifs de recherche interdisciplinaire sur l'élevage dans les Pyrénées centrales, nous présentons dans cet article une analyse conjointe de l'évolution des systèmes d'élevage et les mutations de l'utilisation de l'espace dans ce milieu où l'élevage repose sur l'utilisation conjointe de terrains collectifs et de terrains privés. Au cours des dernières décennies, marquées par une diminution de la population et du Cheptel, les systèmes d'élevage se sont diversifiés, les modifications de conduite des troupeaux étant principalement guidées par un objectif d'intensification et d'adaptation aux exigences du marché. Parallèlement la durabilité de l'utilisation des ressources et la qualité des paysages se sont affaiblies. L'analyse des processus en jeu montre que seule une prise en compte globale du territoire et un contrôle collectif de la gestion des terres, collectives et privées, permettent d'assurer la durabilité écologique de l'élevage dans ce type de situations